Si les professionnels du livre sont "tous à poils !" contre la censure, le chat Rouky a des raisons, lui aussi, d'être de mauvais poil : le maire de Condé-sur-Vienne lui refuse l'accès à la nouvelle bibliothèque.
La pétition dédiée au chat Rouky a recueilli plus de 3000 signatures. Lancée samedi dernier et aidée d'une page Facebook, celle-ci a fait enfler une polémique à un niveau insoupçonné.
Pourtant, l'attrait des félins pour les rayonnages de bibliothèques, tout comme la surprenante motivation des foules pour la défense de nos compagnons à poils, n'est plus à prouver. L'histoire de Kuzya, le chat russe sans-papier devenu assistant bibliothécaire (qu'Archimag vous racontait en octobre dernier), en était un bon exemple.
Persona non grata
Rouky est un vieux matou de 17 ans qui résidait depuis plus de dix ans dans l'ancienne bibliothèque de Condat-sur-Vienne (87), faisant le bonheur des petits et des grands lecteurs, comme de ses employés.
Jusque-là, tout se déroulait au poil dans ce petit village de Haute-Vienne, jusqu'à la construction d'une nouvelle bibliothèque, inaugurée il y a un mois : Rouky y est devenu, du jour au lendemain, persona non grata ; un comble pour l'ancienne mascotte des lieux, toujours prompt à recueillir quelques gratouilles de la part des visiteurs. Délogé de force et installé chez une famille d'accueil, le vieux chat s'est d'abord laissé mourir de faim.
Tirer un trait sur son passé
Une chaîne de solidarité s'est rapidement organisée, publiant une pétition "poil à gratter" destinée maire de la ville, réclamant le retour du matou dans la bibliothèque : "il se laisse mourir d'ennui et de faim, bientôt à la rue, attendant un geste de la municipalité pour qu'elle l'autorise à retrouver sa panière à côté de l'ordinateur des bibliothécaires". En moins d'une semaine, celle-ci a atteint les 3 110 signatures. Sans compter les 528 soutiens obtenus sur Facebook, les 146 envois par mail et les 37 via Twitter.
La SPA de la Haute-Vienne lui a même apporté son soutien, proposant d'assurer un suivi vétérinaire gratuit à Rouky et garantir ainsi qu'il ne représentait aucun risque sanitaire pour les usagers de la nouvelle bibliothèque. La municipalité n'a pas plié : Rouky sera prochainement installé chez une autre famille. Son comité de soutien reste vigilant, au cas où le vieux matou refuserait, coûte que coûte, de tirer un trait sur son passé de bibliophile.