« Désamour ». Le mot est employé dans le dossier de ce numéro pour parler du manque d’adhésion du public aux bibliothèques. On sait depuis maintenant quelque temps que l’un des principaux enjeux pour celles-ci est de passer d’une approche centrée sur leurs fonds à une approche orientée vers l’intermédiation et la proposition de contenus (voir par exemple Archimag n°254, mai 2012). Le chemin de la reconquête du public – des publics – passe par là.
18 % d’inscrits en bibliothèque en France : un maigre score. Pourtant, le ciel des bibliothèques est-il si sombre ? Sur le terrain, les initiatives ne sont pas rares qui apparaissent comme autant d’éclaircies. Il s’agit d’approcher les publics, de se rapprocher d’eux, de les mener à la lecture, à la découverte de connaissances. Nous en donnons quelques exemples.
Le problème n’est pas simple. Il va au-delà de la question du marketing du fonds qui consiste « simplement » à présenter de façon attractive ce que l’on a sur ses rayonnages. Se centrer sur des publics suppose d’apprendre à les connaître, mais comment faire quand ils sont largement absents et donc insondables ? D’où des propositions qui hésitent entre offrir ce qui serait susceptible de plaire, et a donc toutes les chances d’être déjà connu, et « hisser » vers quelque chose de nouveau, digne de connaissance, mais qui risque d’effrayer…
Au fil des retours d’expérience, les bibliothécaires soulignent souvent l’intérêt de tenter des actions, d’expérimenter. Le jeu en vaut la chandelle. On remarque que beaucoup repose sur des initiatives individuelles – bravo aux volontaires. A terme cependant, ce qui doit marcher réclame d’être partagé, soutenu. Partagé avec les autres acteurs de la vie locale, à vocation culturelle, bien sûr, mais aussi sociale, voire économique. Il faut nécessairement avancer avec son environnement. Soutenu par la hiérarchie, qui n’est pas toujours prompte à accorder son feu vert. Et avec un dialogue social interne pouvant s’ouvrir à l’innovation. Un petit besoin de conduite du changement ?
Edito de l'Archimag n°264 de mai 2013 - Chandelle
Michel Remize, rédacteur en chef d'Archimag. DR