Son mandat ne sera pas celui de la rupture. Fraîchement nommé à la tête de l’Agence bibliographique de l’enseignement supérieur, en phase avec les directions prises récemment par l’agence, Jérôme Kalfon nous présente les projets phares qui mobiliseront son action ces trois prochaines années. Rencontre.
C’est sous le signe de la continuité que se place d’emblée le nouveau directeur de l’Agence bibliographique de l’enseignement supérieur (Abes), nommé le 1er octobre dernier. S’inscrivant pleinement dans la feuille de route tracée par le projet d’établissement de l’agence, décidé l’an passé, Jérôme Kalfon ne souhaite pas bouleverser les chantiers mis en place avant son arrivée. Il insiste sur la poursuite des missions historiques d’opérateur de l’Etat et d’agence de mutualisation de l’Abes, auxquelles s’ajoute celle de « force de proposition » qu’il nuance immédiatement : « A condition que celle-ci soit en interaction étroite avec le réseau des établissements ». Car c’est cette confiance, construite au prix d’un long travail d’écoute et d’entretien du réseau qui constitue, selon lui, le plus grand capital de l’Abes.
numérique et collaboratif
Tout au long de son parcours, ce conservateur général des bibliothèques, directeur du Service commun de la documentation de l’université Paris-Descartes depuis 1998, s’est intéressé à deux thèmes motivant et justifiant pleinement sa candidature : l’articulation entre la documentation et le monde numérique ainsi que le travail collaboratif : « La question du travail en réseau est une notion indispensable au sein de la société de l’information et qui prend tout son sens avec l’expansion du numérique », explique-t-il. Une appétence l’ayant naturellement poussé à s’investir auprès de l’Abes, bien sûr, mais aussi de l’ADBU, de l’Aura, du GFII et surtout du consortium Couperin (1). Ces activités lui ont permis de tisser des liens avec une grande partie des acteurs de l’IST (2), une dimension capitale dans le cadre stratégique de l’action de l’Abes.
Si les chantiers en cours sont nombreux, de grands projets retiennent aujourd’hui son attention, avec en premier lieu le projet Istex : celui-ci prévoit la création d’une plateforme intégrant des collections rétrospectives et pluridisciplinaires de la littérature scientifique, accessible en ligne par l’ensemble de la communauté de l’enseignement supérieur et de la recherche. « Elle garantira l’accès à une quantité de ressources sans précédent en France, achetées massivement en licences nationales et en texte intégral, explique-t-il ; Istex est bâti sur un travail commun de l’Abes, du CNRS, de Couperin et de l’université de Lorraine ». Le projet, qui comprend également le développement de services innovants à destination des chercheurs pour leur permettre de tirer le meilleur profit possible du corpus constitué, a débuté l’an dernier et devrait s’achever en 2015.
qualité des données
Lancée en septembre 2013, la constitution du Hub de métadonnées mobilise également l’Abes, qui souhaite transformer son mode d’acquisition des ressources dans un respect des normes et des formats, afin de renforcer toujours plus leur qualité et leur interopérabilité : « En plus du travail de catalogage des bibliothécaires, nous souhaitons réunir l’ensemble des métadonnées provenant directement du producteur, explique Jérôme Kalfon ; cela implique une coopération de l’Abes avec l’ensemble des acteurs de la chaîne du livre ».
Enfin, l’Abes développe actuellement un Système de gestion de bibliothèque mutualisé (SGBM), rassemblant les principaux logiciels documentaires en une plateforme de services en ligne commune à tous les établissements abonnés : « Il présente des intérêts d’économies d’échelle et de fonctionnement, poursuit Jérôme Kalfon ; mais il est aussi un terrain d’étude destiné à améliorer la synchronisation des données avec les systèmes locaux des établissements ». L’Abes souhaite en effet leur fournir les moyens de ce travail en mode synchrone afin d’améliorer la qualité de l’information grâce à un meilleur signalement des ressources disponibles. La phase pilote du projet a été lancée mi-octobre avec plusieurs établissements du réseau.
Parallèlement à ces projets phares, Jérôme Kalfon souhaiterait également porter des projets sans doute moins décisifs, mais dont il serait lui-même à l’initiative. Désireux notamment de réduire la lourdeur de gestion des établissements, il annonce qu’il pourrait se mobiliser prochainement sur la question de la facturation du prêt entre bibliothèques.
(1) ADBU : Association des directeurs et personnels de direction des bibliothèques universitaires et de la documentation ; Aura : Association des usagers du réseau Abes ; GFII : Groupement français de l’industrie de l’information.
(2) IST : information scientifique et technique.