Veille : un marché stimulé par l’e-réputation et la veille commerciale

Parts de marché des éditeurs de logiciels de veille CA 2010 Infogreffe, retraités par SerdaLab

 

Le marché de la veille est composé du marché de l’édition de solutions de veille et du marché de l’externalisation de prestations de veille. Malgré des taux de croissance très honorables, respectivement de 8 % et de 17 %, le marché reste modeste, avec 45 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2010.

Ce n’est plus l’euphorie sur le marché des solutions de veille. On observe un ralentissement de la croissance, après les progressions à deux chiffres (+ 20 %) du milieu des années 2000. La crise économique est passée par là. De même que l’arrivée de solutions de veille gratuites, de possibilités de veille en temps réel avec Twitter et de curation dans un journal. Le marché des plateformes de veille reste un marché de niche puisqu’il ne dépasse guère les 20 millions d’euros en 2012, avec une progression moyenne de 7 % à 8 % entre 2008 et 2012. Une vingtaine d’éditeurs de logiciels se partagent le marché français. Avec 5,4 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2010, Digimind se taille la part du lion (31 % de parts de marché en 2010).

Des nouveaux entrants sont arrivés, il y a moins de cinq ans, sur le marché :
- Coexel, éditeur de MyTwip, spécialisé en veille stratégique pour les secteurs technologiques innovants (optique, photonique, micro et nanotechnologies, TIC…)
- Noopsis, véritablement présent depuis 2011, avec sa solution d’analyse sémantique, SenseMiner
- Trendy Buzz qui conjugue le tracking d’information en temps réel et l'analyse du discours des journalistes et des internautes sur le web
- Sindup, la nouvelle plateforme de veille stratégique
- Corporama, le petit dernier, fondé en 2010, s’est spécialisé en veille commerciale (pour la prospection de nouveaux clients)
- enfin, Workit est aussi une solution de veille concurrentielle pour le e-commerce (veille sur les prix).

On voit donc de plus en plus de solutions très ciblées pour les fonctions commerciales et marketing des entreprises : le nerf de la guerre.

budget pour une veille externalisée

On observe aussi cette tendance sur le marché de la prestation de veille. Ceci selon deux axes : d’une part, la veille concurrentielle et, d’autre part, l’anticipation de la gestion de crise, par la surveillance permanente de son image sur le web. Les entreprises sont désormais prêtes à consacrer un budget à une veille externalisée, professionnelle et ciblée. La veille en e-réputation explose en 2010 avec plus de 32 % de progression. Les organisations sont de plus en plus conscientes des dangers de la dissémination d’une rumeur ou d’une mauvaise réputation sur internet, à la fois sur leurs ventes et sur leurs cours de bourse. Elles s’en prémunissent en surveillant toutes les opinions sur le web.

L’externalisation de la veille stratégique, concurrentielle et commerciale fait également preuve d’une belle progression, avec 13 % de croissance. En revanche, la veille technologique se porte mal et décline de 11,7 % en 2010. SerdaLab a dénombré une cinquantaine de prestataires privés en France, qui réalisent 25 millions de chiffre d’affaires en 2010. Sur ce marché, les sociétés entrent en concurrence avec des organismes publics, comme les chambres de commerce et d’industrie (CCI) et l’Adit, créée en 1992 par le gouvernement (partiellement privatisée en 2011). 

Le marché global de l’externalisation de veille réalise donc une belle croissance de 17 % en 2010. Les premiers chiffres d’affaires déposés aux greffes ne permettent pas de donner une évolution sur 2011, mais tout laisse à penser que la tendance est à l’externalisation de la veille.

partager sa veille

Parmi les grandes tendances des pratiques de veille, l’émergence des réseaux sociaux d’entreprise (RSE) permet véritablement de partager sa veille avec l’ensemble des collaborateurs d’une société et d’aboutir à une intelligence collective, qui va améliorer la qualité des prises de décision. La data visualisation souvent incluse dans les tableaux de bord des plateformes de veille permet de mettre en lumière certaines données ou certains événements qui seraient invisibles au format texte sans cartographie ou infographie.

Virginie Boillet
Responsable études et veilles, SerdaLab

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Êtes-vous prêts à renoncer à des services numériques ou à vos appareils électroniques pour le bien commun ? Face à l'urgence climatique, notre rapport au progrès et à la technologie est souvent remis en question. Archimag Podcast a rencontré Alexandre Monnin, philosophe, directeur du master Sciences, Stratégie et Design pour l’Anthropocène à l’ESC Clermont Business School et auteur de l'ouvrage "Politiser le renoncement", aux Éditions Divergences. Il est aussi co-initiateur du courant de la redirection écologique, dont il nous explique le principe.